Lorsque la toute première PE 250 apparaît
en Europe en 1977, elle est la deuxième véritable
enduro Japonaise à venir concurrencer les machines
européennes de l’époque après
la Yamaha 400 IT. Comme pour cette dernière, sa conception
est fortement inspirée des machines de cross de la
marque, d’autant plus que Suzuki règne en maître
sur les championnats mondiaux en 125, 250 et 500. C’est
l’ère des Rahier, Everts, Geboers et De Coster
qui remportent presque tous les titres mondiaux dans les
années 70.
Suzuki entend bien profiter de son très beau
palmarès en Motocross et de son expérience
en matière de machine tout terrain pour venir concurrencer
les Européens dans leur domaine réservé
: l’enduro.
Si la PE 250 est fortement inspiré de la RM de motocross,
elle n’est pas pour autant une vulgaire copie affublée
d’une plaque phare et d’un faisceau électrique
mais une véritable machine pensée et construite
pour l’enduro. Elle n’est pas non plus, comme
on l’entend dire encore aujourd’hui, un vulgaire
trail gonflé mais une véritable compétition
client capable de gagner les courses les plus difficiles.
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D’ailleurs, dès son apparition en
Europe, trois PE 250 participent aux ISDT de 1976 en Autriche
et remportent trois médailles d’or ! Cela en
dit long sur le sérieux de Suzuki dans sa volonté
d’imposer sa nouvelle machine d’enduro !
La fabrication de la machine est
assurée avec les standards japonais, c'est-à-dire
que le moindre détail est pensé et réalisé
avec le plus grand soin. La machine est véritablement
pensée pour l’enduro, notamment au niveau du
moteur, un 2 temps comme presque toutes les enduros de l’époque,
qui est très souple et aussi un peu moins puissant
à haut régime que les moteurs de la concurrence.
Cependant, cette puissance est
plus facilement disponible du fait du couple et de la souplesse
importante et donc la PE est efficace à défaut
d’être très impressionnante. C’est
cette caractéristique qui faisait dire à certains,
avec dédain, que les PE étaient des vulgaires
trails gonflés.
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Pourtant, lors d’un
essai comparatif en 1980 avec huit autres machines d’enduro,
le moteur de la PE 250 est plébiscité comme
étant le meilleur de la catégorie ! La partie
cycle était par contre critiqué comme étant
moins performante que la concurrence. Aujourd’hui, on
peut pourtant dire que les PE étaient plus proches
des motos d’enduros modernes, en caractère moteur,
que la plupart de ses concurrentes de l’époque
au moteur souvent pointu !
La partie cycle de cette PE était également
pensée pour une facilité de conduite. Les débattements
de suspension étaient raisonnables avec 195 mm à
l’avant et l’arrière et le poids contenu
avec 109 kg. Ces caractéristiques, allié au
moteur souple et docile, donnaient une machine homogène
destinée plutôt à l’enduriste moyen
qu’au compétiteur à la recherche de la
machine la plus puissante possible.
En 1978, la gamme PE s’enrichit avec la 175 PE. Contrairement
à beaucoup d’autres motos de 175 cm2, ce moteur
à été conçu dès le départ
comme un 175, c'est-à-dire que ce n’est ni un
125 gonflé comme celui de la Yamaha IT 175 qui dérive
du 125 YZ, ni un 250 dégonflé comme l’est
le 175 KTM de l’époque. Les deux modèles
de PE sont peu modifiés par rapport au modèle
de PE 250 1977 hormis l’habillage, légèrement
modifié et quelques détails mécaniques.
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En 1979, les évolutions sont modestes mais
en 1980, les PE évoluent nettement plus en introduisant
divers éléments adoptés sur les RM
des années précédentes. Par exemple,
le beau bras oscillant en aluminium de la RM est monté
à la place de l’élément en tube
d’acier des modèles précédents.
Cependant, si Suzuki se base toujours sur la RM
au niveau de la conception, la firme prend toujours bien
soin de proposer une machine spécifique pour l’enduro.
Les cotes course alésage sont différentes
de celles de la RM et donc l’embiellage est spécifique
ainsi que les carters moteurs. La transmission est moins
démultipliée et les amortisseurs sont moins
sophistiqués et dépourvus de bonbonne séparée.
Ces amortisseurs arrières sont d’ailleurs le
principal point faible des PE et des préparateurs,
comme Roca, proposeront le montage d’éléments
plus performants (voir les essais).
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La PE 175 est à
l’époque en concurrence directe avec la Yamaha
IT 175 et à un degré moindre avec la 175 KDX
de Kawasaki. Des comparatifs entre les deux premières
machines, il ressort que les deux motos sont assez proches
avec un argument de poids pour la Suzuki : elle est homologuée,
livrée immatriculée et coûte beaucoup
moins cher que sa sœur ennemie : 8000 Francs contre 11000
! Le succès commercial est dès lors assuré,
les PE se vendent très bien cette année là.
En 1980, apparaît également une PE 400 cm2 mais
cette machine ne sera malheureusement jamais importée
en France.
En 1981, la gamme PE évolue peu, une des seules différences
visibles étant la suppression du joli sabot en aluminium
remplacé par des « oreilles » en acier
sur le cadre. La décoration générale
est légèrement modifiée et, sur la 175,
le cylindre est redessiné pour améliorer le
couple à bas régime. Le piston est également
un peu modifié. En France, seules les 175 et 250 sont
importées, la 400 restant réservée au
marché US et quelques autres pays à grands espaces
comme l’Australie.
Assez bizarrement les PE ont été rarement comparées
avec leurs homologues européennes dans la presse (voir
les essais). Les chiffres de ventes sont par contre très
clairs : en 1981, sur un total de 6000 machines d’enduro
vendu en France, plus de 1000 étaient des PE 175, un
peu moins de 1000 étaient des IT 175, le reste étant
des modèles de KTM, Husqvarna, SWM, Fantic, Maico etc.
A titre de comparaison, sur un total de 10 000 motos d’enduros
vendus en France en 2005, le modèle le plus vendu est
la Yamaha 450 WR avec 1200 exemplaires suivi de la KTM 450
EXC, deux 4T, et de la Gas Gas 300 EC, un 2T.
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La PE 175 était donc en tête des ventes à
cette époque et ceci s’explique en grande partie
par le fait que le PE et l’IT étaient nettement
moins cher que leurs concurrentes (16000 à 19000
francs pour une…125 européenne) mais aussi
parce que la PE était une bonne machine d’enduro
!
En 1982, les modèles 250 et 400, sans doute
trop peu vendus, disparaissent de la gamme (sauf en Australie)
mais la PE 175 évolue assez considérablement
avec l’adoption du Full Floater, un système
à un seul amortisseur actionné par des biellettes.
Au début des années 80, les motos de cross
ont évolué considérablement avec un
moteur à refroidissement liquide et les mono amortisseur
arrière. Les motos d’enduro suivent l’évolution
technique imposée par les machines de cross et dès
1982, certaines enduros européennes sont équipés
du refroidissement liquide et du mono-amortisseur. Suzuki
monte le Full Floater sur la PE mais ne va pas jusqu’à
adopter un bloc à refroidissement liquide.
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En 1983 et 1984,
la PE 175 reste pratiquement inchangé. C’est
la dernière année de fabrication de la PE. En
1985, la 250 RH (TS 250 X) remplace pendant quelques années
la PE, sans réellement convaincre car ce n'est guère
plus qu'un trail amélioré, puis apparaît
diverses RMX et enfin la 400 DRZ, une enduro 4T. |
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